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Publications du Centre d'Études Joan Bardina:
Agustí Chalaux de Subirà, Brauli Tamarit Tamarit.
Agustí Chalaux de Subirà.
Agustí Chalaux de Subirà.
Agustí Chalaux de Subirà.
Magdalena Grau,
Agustí Chalaux.
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Historie de la Banque Paribas.
Extrait
du «Handbook on the history of European banks» rédigé
par the European Association for Banking History E.V.
La Banque de Paris et des Pays-Bas est fondée à Paris
le 27 janvier 1872, sous forme de société anonyme au capital
de 125 millions de Francs, dont 62,5 millions versés. Elle résulte
de la fusion de: - la Banque de Crédit et de Dépôt
des Pays-Bas, fondée en 1863 à Amsterdam, avec succursales
à Paris et, depuis 1870, Bruxelles, Anvers, Genève; elle
associait des capitalistes parisiens (E. Hentsch, A. Minard,...) aux implantations
continentales de la famille Bischoffsheim-Goldschmidt-Bamberger, banquiers
privés originaires de Mayence, qui essaiment en Europe à
partir des années 1820; - la Banque de Paris, créée
en 1869 à Paris par des banquiers et capitalistes comme A. Delahante,
E. Joubert, H. Cernuschi.
En 1872, associée au Crédit Lyonnais, elle prend la tête
du groupe des établissements de crédit qui participe pour
un tiers à l'émission du second emprunt de libération
du territoire de 3 milliards de Francs. La majeure partie des fonds collectés
par la Banque le furent à travers ses succursales européennes
et, en particulier, celle de Bruxelles, grâce à ses relations
avec certaines banques allemandes.
Le capital est ramené, en 1878, à 62,5 millions (montant
versé), puis porté à 80 millions en 1907 et à
100 millions en 1912. Par l'importance de ses fonds propres et le volume
de son activité, Paribas est alors la principale banque d'affaires
française, que caractérisent:
Les activités financières, de loin les plus importantes
(70% des bénéfices de 1909 à 1913). La Banque dirige
ou participe à des syndicats d'émission de fonds publics,
d'actions et d'obligations de nombreuses entreprises privées, francaises
ou étrangères.
Principales opérations de la période:
-
émissions de fonds publics en France, Belgique et dans leurs empires
coloniaux,
-
direction des emprunts publics russes en France à partir de 1888,
-
direction ou participation à des émissions pour le compte
d'Etats de l'Europe balkanique (souvent en association avec des banques
allemandes), des pays scandinaves, direction des emprunts de l'Empire chérifien
(Maroc),
-
participation à des émissions de valeurs latino-américaines,
souvent en association avec des maisons anglaises (Baring), dans les années
1880 et 1900,
-
participation au capital d'entreprises de services publics ou industrielles:
chemins de fer (Espagne, Russie), tramways et électricité
(Belgique, France, Egypte, Maroc, Empire Ottoman...), sidérurgie
(France, Russie), chimie (Norvégienne de l'Azote).
Les investissements: la Banque amorce la constitution
d'un important portefeuille-titres, avec l'objectif de réaliser
des plus-values et d'investir durablement dans certains secteurs clefs
(banques, clients industriels), en France et surtout à l'étranger:
-
L'Europe représente toujours plus de 50% du portefeuille-titres
(France, Belgique, Europe du Sud puis, à partir des années
1890, Russie, Balkans); prises de participation ou création de nombreuses
banques: Banco Espanol de Credito (Banesto), Banque Commerciale Italienne,
Banque RussoAsiatique, (la première banque russe de l'époque),
mais aussi en Roumanie, Bulgarie, Serbie...
-
hors d'Europe: les zones les plus représentées sont
le Proche-Orient (Egypte, Turquie) et l'Amérique: participation
ou création du Crédit Foncier Franco-Canadien, de la Banque
Française et Italienne pour l'Amérique du Sud, Banco Nacional
de Mexico; l'Asie: Banque Franco-Japonaise; l'Afrique: fondation de la
Banque d'Etat du Maroc.
Les activités bancaires et d'escompte, les crédits
en compte courant accordés à des entreprises, ne prennent
leur essor, et d'une manière encore limitée, qu'à
partir de la fin du siècle dernier.
Les relations de correspondant: en particulier avec Baring, la
Deutsche Bank, la Banca Commerciale Italiana, le Wiener Bankverein en Autriche
et Kuhn Loeb aux Etats-Unis.
Pendant la guerre de 1914-1918, la Banque contribue à la mobilisation
de l'épargne (emprunts de guerre, bons de la Défense
Nationale) et à la négociation d'ouverture de crédits
pour le compte du Trésor francais en Espagne, Hollande, Suisse et
Suède. Elle contribue également au financement de l'industrie
d'armement (Compagnie Nationale de Matières Colorantes et de Produits
Chimiques).
L'inflation,
la reconstruction et le développement des activités en France
durant les années vingt, sous l'impulsion d'Horace Finaly (Directeur
général de Paribas de 1919 à 1937), expliquent les
augmentations de capital, lequel passe à 150 millions en 1919, 200
millions en 1921 et 300 millions en 1929.
La diminution de la capacité de placement en valeurs étrangères
des marchés francais et belge entraîne:
-
la diminution du volume des opérations financières internationales,
-
le développement des opérations en direction des marchés
nationaux ou coloniaux,
-
la recherche de nouvelles sources d'activité par le développement
des opérations de banque, en particulier au profit d'entreprises
liées à Paribas.
Principales opérations de la période:
-
Opérations financières internationales: emprunts de
reconstruction ou de stabilisation émis en partie en France pour
le compte de l'Autriche, la Pologne, la Roumanie (direction des emprunts
de 1928, 1931), la Tchécoslovaquie, emprunts belges en France (1923,
1932, 1933), puis francais à l'étranger (Hollande) dans la
seconde moitié des années trente, emprunts coloniaux.
-
Développement des investissements dans les empires coloniaux
,
en particulier français, par l'intermédiaire de deux holdings:
la Compagnie Générale du Maroc et la Compagnie Générale
des Colonies (financement des services publics et d'entreprises industrielles
diverses).
-
Développement des relations avec des entreprises: concours
bancaires, prises de participation, créations, en particulier:
-
dans le domaine pétrolier, création de la Compagnie
Francaise des Pétroles, de la Standard Franco-Américaine,
participation à la Steava Romana, I'Omnium International des Pétroles...
-
dans les domaines de la production, de la distribution, du transport
par traction électrique, de la construction de matériel électrique:
création d'Electrobel, d'Union d'Electricité... dans le domaine
de la communication: Havas, Hachette, Compagnie Genérale de TSF.
Durant cette période, le portefeuille étranger subit une
diminution au profit de la France et de son empire; toutefois, Paribas
intervient activement, au travers de la Banque des Pays de l'Europe Centrale,
en Autriche, Tchécoslovaquie et Roumanie, ainsi qu'en Pologne (Banque
Franco-Polonaise). Des positions importantes sont préservées
en Amérique, au Moyen-Orient (participation dans la Banque Ottomane,
à partir de 1920).
Pendant la seconde guerre mondiale, les augmentations du capital de
la Banque (porté à 450 millions en 1941, puis à 675
millions en 1943) furent largement absorbées par l'inflation; ce
fut une période de faible activité: la Banque est coupée
de ses affiliations et correspondants dans les pays alliés et perd
une partie de ses actifs étrangers (Europe Centrale, Norvège);
elle s'intéresse toutefois au développement de brevets industriels
(carburants de substitution, gazogène, schistes bitumineux,...).
Libérée de l'hypothèque d'une nationalisation
à laquelle elle a échappé en 1945 en tant que banque
d'affaires, la Banque de Paris et des Pays-Bas va pouvoir bénéficier
des lois des 2 décembre 1945 et 17 mai 1946, qui ratifient la formule
de «banque mixte», lui permettant de se développer
librement dans le domaine de la banque commerciale, au service des entreprises
françaises, et bientôt internationales.
Paribas va tout d'abord s'attaquer à la reconstruction et
à la modernisation de la France, et crée dès 1948
l'0TH, bureau d'études qui sera le pivot de la constitution par
Paribas du deuxième groupe immobilier francais.
Puis Paribas favorise la restructuration de l'industrie francaise
pour lui permettre d'affronter la concurrence internationale dans les domaines
tous nouveaux de l'informatique (Bull) et de l'électronique (rapprochements
successifs entre Thomson, Brandt et la CSF). La Banque intervient également
dans les secteurs métallurgique, sidérurgique et minier (Nord-Est,
Usinor...), mécanique et électrique (Fives-Lille-Cail, Babcock,
Neyrpic, Alsthom...), l'édition (Hachette) et le tourisme (Club
Méditerranée, Wagons Lits). Elle continue à jouer
un rôle de premier plan dans les secteurs de l'énergie
(pétrole, ingénierie nucléaire).
Dès le début des années 50, Paribas soutient
les industriels français désireux d'exporter vers les pays
en voie de développement, et notamment l'Amérique Latine;
Paribas
sera à l'origine des formules nouvelles de crédits à
l'exportation à moyen-terme, qui permettront à l'industrie
francaise de biens d'équipements d'emporter des marchés importants
en Amérique Latine (Colombie, Pérou, Brésil) dans
le domaine sidérurgique, comme dans les secteurs électrique
(Cabora Basse au Mozambique) et pétrochimique (Neste Oy, en Finlande);
et plus tard - années 70-80 - au Vénézuéla
avec le métro de Caracas et dans le domaine aéronautique
(Airbus); enfin, en Extrême-Orient, en Europe Centrale, en URSS et
au MoyenOrient, notamment en Iran où Paribas devient en 1958 actionnaire
de la Banque de Téhéran.
Au plan industriel, sous l'impulsion de Jean Reyre, Directeur général
de la Banque de 1948 à 1966, puis son Président jusqu'en
1969, la Banque s'affirme aussi dans l'industrie papetière (La Rochette,
Darblay), le pétrole (Sogedip, Coparex, Total, Aquitaine), la chimie
(Pierrefitte-Auby), la pharmacie (Labaz), les travaux publics (Fougerolle),
les chantiers navals (Chantiers de Bretagne), la distribution (Nouvelles
Galeries, Prénatal, SCOA, FNAC), les matériaux de construction
(Ciments Francais) et l'agro-alimentaire (bonduelle, BSN...), tandis que
la Sema, constituée en 1957 (devenue Metra International en 1970),
prenait progressivement - après avoir surmonté ses difficultés
de jeunesse - la place éminente qu'elle occupe aujourd'hui dans
le secteur du conseil en informatique; dans les années 1970-80,
Paribas prend des initiatives dans les domaines de la communication (Compagnie
Luxembourgeoise de Télédiffusion, Sofinergie, UGC...), de
la haute technologie et du capital risk (Transgène, Partech).
Le Groupe modifie sa structure en 1968 à la suite de la
loi Debré de 1966, par la transformation de l'ancienne Banque de
Paris et des Pays-Bas en Compagnie Financière (de Paribas à
partir de 1982), société holding détenant des participations
dans les domaines bancaire, financier, industriel et international. A l'initiative
de M. de Fouchier, devenu Président du Groupe en 1969, s'opère
le rapprochement de Paribas avec le groupe de la Compagnie Bancaire (dont
Paribas détient 45% dès 1978), tandis que Paribas devient,
au début des années 70, l'actionnaire principal du Crédit
du Nord (fusionné dans l'intervalle avec la Banque de l'Union Parisienne).
Parallèlement, la Banque, présente à Paris et Marseille,
étend à partir de 1967 son réseau à la région
parisienne et aux principales villes régionales françaises.
Au début des années 60, Paribas ouvre à New York
une «investment bank», puis, en 1964, des filiales à
Londres et Luxembourg, pour finalement développer (années
70), sous l'impulsion de M. de Fouchier puis de M. Moussa, qui préside
le Groupe de 1978 à 1981, un réseau de filiales et succursales
bancaires dans le monde entier, d'abord au Moyen et Proche-Orient,
puis en Extrême-Orient, aux Etats-Unis et au Canada, tandis que le
réseau européen, qui continue à prospérer notamment
à partir de Bruxelles et Genève, se parachève jusque
dans les années 80 (Allemagne, Italie, Espagne, Grèce, Scandinavie,
Irlande) et que la Banque ouvre un bureau à Moscou en 1964.
En Afrique, Paribas s'oriente vers l'exploitation des ressources naturelles:
pétrole saharien dans les années 50 (Finarep, Genarep, Coparex...)
et mines en Afrique Occidentale (phosphates de Taïba, manganèse
au Congo - Comilog); ses principales participations africaines et outremer
sont alors regroupées dans la Cegepar et Cofimer. Dans les années
1960-70, Paribas accompagne le phénomène de décolonisation,
notamment
en Algérie et au Maroc, et ouvre des filiales ou succursales au
Maroc, en Afrique Occidentale et Centrale, ainsi qu'en Egypte.
A partir de 1965, Paribas, toujours très active sur le marché
financier français, s'affirme comme un acteur important dans
le marché euro-obligataire, au plan mondial. A partir de 1980,
Paribas se développe, avec une approche globale, dans le marché
des capitaux dont elle devient l'un des leaders, notamment dans le secteur
euro-obligataire et celui des swaps; elle gagne la première place
en matière d'Ecus, avec la création, en 1984, à l'initiative
du Président Haberer, de la Banque Paribas Capital Markets à
Londres (actuellement Paribas Ltd), et ses relais à New York, Tokyo,
Hong-Kong, Francfort et Paris ayant largement contribué à
ces nouveaux développements.
Au cours des années 1970-80, Paribas connait également
un développement de ses activités de gestion pour compte
de tiers (particuliers et institutionnels), traditionnellement centrées
sur Genève depuis le 19ème siècle, puis plus récemment,
à Luxembourg et à Paris, New York et Tokyo, avec la création
de Paribas Asset Management (PAM).
Enfin, Paribas s'intéresse dès la fin des années
70 au domaine du financement du négoce pétrolier où,
opérant notamment de Genève, New York, Londres et Paris,
elle s'est imposée comme leleader mondial dans ce secteur.
Parallèlement, Paribas entreprendra dans les décennies
60-70 de se rapprocher du groupe sud-africain Anglo-American, comme ensuite
de la Bank of America (Ameribas), de Bayerische Vereinsbank et de Natwest.
Elle s'alliera, au cours des années 70, avec SG Warburg, dont
Paribas fut alors actionnaire à 25% et avec qui elle constituera
aux Etats-Unis «l'investment bank» Warburg Paribas Becker,
qui sera reprise en 1984 par Merrill Lynch dont Paribas devint à
cette occasion actionnaire. Après une période de quatre ans
(1982-1986) où Paribas, nationalisée, progressa sous la présidence
de J.Y. Haberer, la privatisation intervint en 1987; réalisée
sous la présidence de M. Francois-Poncet, elle connut un très
grand succès public: 3,8 millions d'actionnaires individuels, associés
à des grands groupes, francais et étrangers, tels que Axa,
les AGF, I'UAP, la Comit, Parfinance (Frère en Belgique, Power au
Canada), Sumitomo Life, Kuweit Investment Authority, dont certains étaient
d'ailleurs déjà actionnaires de Paribas avant la nationalisation.
En 1990, intervient une nouvelle modification des structures du Groupe
Paribas, complétée en 1991: les Conseils d'Administration
de la Compagnie Financière et de la Banque Paribas ont été
remplacés par des Conseils de Surveillance, tandis que leurs Directions
générales étaient elles-mêmes constituées
en Directoires. Les Conseils de Surveillance et les Directoires des deux
sociétés sont aujourd'hui présidés respectivement
par MM. Michel Francois-Poncet et André Lévy-Lang.
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